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Le député Cazeneuve a esquivé le vœu voté à l’unanimité par le conseil, sur les moyens de l’hopital d’Auch, en étant tout simplement absent et non excusé !

Le bulldozer est en marche

samedi 6 avril 2019

Prise de parole de notre élue Christiane Filhos après la lecture de la motion présentée par le maire et sa majorité.

Je voudrais ajouter quelques remarques et observations relatives à l’état du service public de santé.

Le service public de santé aujourd’hui en France est fort mis à mal. La casse de ce service public et de tous les autres n’a pas commencé avant-hier. Elle est en route depuis une quarantaine d’années et une accélération s’opère depuis 20 ans. La plupart de ces services, instaurés après la 2ième guerre mondiale, nés du Conseil National de la Résistance sont garants de la solidarité, de l’égalité et de l’intérêt général. Sans vergogne, comme dirait ma grand-mère, deux présidents de la république, l’ancien et le nouveau, ont rendu hommage le 31 mars dernier aux maquisards du plateau des Glières qui ont perdu leur vie en mars 1944 pour notre liberté. Ces présidents outragent le contenu du CNR en rognant chaque jour un peu plus les services publics.

Une situation très alarmante aujourd’hui concerne les hôpitaux et en particulier le centre hospitalier d’Auch. En ce moment, c’est l’équipe du service orthopédie/traumatologie qui est en grande souffrance. Voici juste un exemple des difficultés et des dysfonctionnements : 3 aide-soignantes et 2 infirmières arrivent le matin dans ce service de 26 lits ; elles ne peuvent plus fonctionner en binôme puisque 5 n’est pas divisible par deux. Et pourtant le binôme est convivial et efficace. Le conseil départemental l’a compris puisque les élu-e-s, fonctionnant à deux sur un même canton, arrivent à accomplir leurs taches plus sereinement. Pourquoi à l’hôpital on ne peut pas conserver cette forme de travail ? Chaque aide-soignante fait, seule, la toilette de 8 patients. Pendant ces toilettes il lui arrive d’être appelée pour conduire un autre patient au bloc. Elle est obligée d’abandonner celui qui était en toilette pour effectuer la conduite au bloc. Le respect et la dignité des malades s’en trouvent affectés. Les soignants ont le sentiment de ne pas faire correctement leur travail. Pourtant c’est souvent 1/2 heure de plus qu’ils passent à l’hôpital après 12h de service. A force de regroupements, de restructuration, de nouvelles organisations, les hôpitaux sont au bord de la rupture. Le personnel n’arrive plus à suivre les cadences infernales imposées par les équipes dirigeantes. Certaines, certains se suicident sur leur lieu de travail... Le personnel vient travailler la boule au ventre. Les accidents de travail sont très nombreux. Il leur arrive de s’effondrer pendant leur service. Le recrutement est de plus en plus difficile. Il manque 14 infirmières sur l’établissement d’Auch. Des fermetures de lits sont liées à cette pénurie. Des médecins démissionnent ou menacent de le faire. Tout ce que je viens de dire, je l’ai entendu dans la journée.

L’hôpital d’Auch a plusieurs spécialités ; il soigne et sauve de nombreux patients. Prenons la cardiologie : il manque un plateau technique performant donc on nous dit que les cardiologues ne veulent pas venir à Auch lors du départ à la retraite de médecins qui, soulignons-le, ont fait un travail remarquable. Quand on suggère d’acquérir ces équipements de dernière génération on nous répond qu’il n’y a pas ou plus de cardiologues ! Cherchez l’erreur.... La fièvre ne retombe pas à l’hôpital d’Auch ; la direction n’entendant pas les alertes des personnels, une grève a commencé aujourd’hui même au service orthopédie/traumatologie.

Par contre dans le privé les « pontes du bistouri » se portent bien . Quand ils viennent officier à la clinique d’Auch, ils n’hésitent pas à demander aux patients qu’ils opèrent des centaines d’euros sous couvert des dépassements d’honoraires. Que dire ? Que faire ? Vous êtes en situation de fragilité, vous ne savez pas ... et vous voulez sortir de leurs mains en meilleure santé ... alors... vous payez.

Les attaques contre le service public sont loin d’être terminées. La loi de programmation des finances publiques jusqu’en 2022 prévoit de réduire la part des dépenses publiques de 54,7 % du PIB à 51,1 % en 5 ans. Ces 3,6 points du PIB représentent plus de 80 milliards d’€. C’est le rapport CAP22 qui contient ce traitement de choc.

Monsieur Cazeneuve, je regrette qu’il ne soit pas là ce soir, est complice du démantèlement des services publics en votant toutes les lois portées par sa majorité à l’Assemblée Nationale.

La France est riche, nous sommes à la 5ième place au niveau mondial. Mais la répartition des richesses produites n’est pas équitable dans notre pays. L’accès aux soins est aujourd’hui un problème pour les patients mais aussi pour les soignants. C’est tout simplement injuste, indécent et inadmissible. Notons enfin que le ministre de l’Éducation Nationale poursuit la casse du service public, de l’école à l’université.

Le bulldozer est en marche.