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Notre position

Ou pourquoi nous, Auscitain·es solidaires et responsables, nous opposons à l’enveloppe budgétaire de 200.000€ consacrée à la vidéoprotection à Auch.

Au sujet de la vidéoprotection

lundi 11 janvier 2021

Posons les choses clairement. Oui, il y a des incivilités, des délits et des crimes à Auch. Oui, la lutte pour la sécurité des Auscitain·es est importante. Mais non, nous ne pensons pas que la solution repose sur la vidéoprotection.

La vidéosurveillance, nommée vidéoprotection depuis 2009, est utilisée depuis la fin des années 1990, pour les premiers dispositifs installés, tant en France qu’en Europe. Depuis la loi du 7 mars 2007, les maires sont chargés de l’animation locale de la prévention de la délinquance, ce qui a entrainé des créations de polices municipales mais aussi la multiplication des caméras dans les zones urbaines publiques.
Pourtant, aucune étude n’a pu prouver leur efficacité.

En 2009, l’Etat français a mené un audit dont les conclusions étaient des plus positives et encourageantes…avant d’être dénoncées par des experts qui rejetaient la méthode appliquée pour cette étude.
En juillet 2011, la Cour des Comptes publiait un rapport dans lequel elle soulignait le manque de transparence quant à l’efficacité des dispositifs, pourtant en nombre croissant sur le territoire français. Elle appelait d’ailleurs à mettre au point rapidement des études pour mesurer cette efficacité dont les coûts augmentaient d’année en année.
En octobre 2020, cette même Cour des Comptes, dans son rapport sur les polices municipales, émettait les mêmes conclusions : malgré une utilisation et un coût pour les collectivités locales allant crescendo, aucune étude ne prouve son efficacité.

Pourtant, il en existe, de rares pour la France (celle de Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherches au CNRS en 2018), plus nombreuses à l’international, notamment dans le monde anglo-saxon, mais elles pointent l’inefficacité de la vidéoprotection.
En effet, le nombre d’infractions et de délits ne diminuent pas avec ce dispositif : les infractions impulsives (bagarres, vols à l’arraché) se poursuivent ; seules les préméditées se réduisent ou s’éloignent ; c’est le cas notamment des trafics de stupéfiants qui sont repoussés vers les zones d’ombres, ce que les spécialistes nomment « effet plumeau ». En outre, la vidéo, enregistrant ces infractions, a tendance à faire augmenter les statistiques, renforçant le sentiment d’insécurité.
Pour ce qui est de l’élucidation d’enquêtes, les résultats sont bien maigres : moins de 5% sont résolues en tout ou en partie grâce à la vidéoprotection. Prenons un exemple concret : Londres, la ville la plus équipée, ne résout que 3% des infractions grâce au dispositif (année 2006) – au point qu’aujourd’hui, la municipalité veut mettre plus de policiers dans les rues. Même constat pour Marseille en 2011 : 105 élucidations sur 60.000 infractions.

Nous posons donc la question suivante : devons-nous investir 200.000€ dans un équipement qui, certes, a le vent en poupe mais qui n’a toujours pas, depuis 25 ans au moins, prouvé son efficacité ? Sachant qu’il va falloir entretenir ces caméras, les renouveler d’ici 5 ans.
Pourquoi ne pas mobiliser ce budget pour développer la prévention, engager plus de policiers municipaux et créer des commissariats de quartiers ? La mairie, et nous le saluons, a budgétisé la création de deux nouveaux postes de policiers municipaux. Pourquoi pas davantage ?